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Reporters sans frontières dénonce «les méthodes brutales» de Vincent Bolloré dans les médias

« Ces pratiques représentent un réel danger pour la liberté de la presse, mais aussi pour la démocratie », prévient Reporters sans frontières (RSF). L’ONG appelle, jeudi 14 octobre, l’État, le CSA, l’Autorité de la concurrence et le législateur à intervenir face aux « méthodes brutales » du magnat français des médias, Vincent Bolloré.

Dans un documentaire de 16 minutes intitulé « Système B », diffusé sur les réseaux sociaux, RSF fait témoigner 11 journalistes sur « le système de contrôle de l’information » de l’homme d’affaires, qui n’avait aucune expérience préalable, cesse d’étendre son empire médiatique, via son groupe Vivendi. Ils décrivent, ouvertement, le « mécanisme de contrôle et d’intimidation mis en place par Vincent Bolloré lorsqu’il prend le contrôle d’un média ou lorsque des journalistes enquêtent sur ses activités industrielles ».

Ce film est un « signal d’alarme », lance le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, alors que Vincent Bolloré est désormais présent à la télévision (Canal +, CNews, C8), à la radio (Europe 1, RFM et Virgin Radio), dans la presse écrite avec Here, Capital et Gala, et plus récemment Paris Match et le JDD.

Dans le documentaire, Patrick Cohen, ancien présentateur d’Europe midi sur Europe 1 – qui fait l’objet d’un rachat par Vivendi – est en colère contre « la manière de s’éloigner des principes du journalisme tel qu’Europe 1 le pratique depuis plus de 60 ans ». De son côté, Isabelle Roberts, co-auteur de la série Empire – Les Jours, dénonce « les méthodes d’un raider, c’est-à-dire quelqu’un qui va arriver dans une boîte, qui va couper toutes les têtes, qui va refaire son truc. Les rédacteurs ne sont pas habitués à cela. Il va se retrouver avec des gens qui soit ne sont pas d’accord, soit n’osent pas parler, mais en tout cas, sont mis sous les feux de la rampe pas », décrit-elle.

Face aux pratiques dénoncées, « il est urgent d’établir de nouveaux garde-fous », ajoute Christophe Deloire. RSF formule donc sept recommandations. Parmi elles, l’ONG demande à l’État d’« intervenir pour l’indépendance éditoriale en sa qualité d’actionnaire de Vivendi » [la Caisse des dépôts et Consignation possède 2,20% du Capital du groupe]. Elle demande également au CSA de « veiller au respect de l’honnêteté, de l’indépendance et du pluralisme de l’information sur la base des conventions en vigueur ».

RSF exhorte également « le législateur à mettre en place un dispositif efficace contre les procédures bâillons », armes de dissuasion pour museler les médias, alors que selon le classement mondial de la liberté de la presse établi par l’ONG, la France se situe à la 34e place.

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