Un procès contre la société de meubles et ses anciens dirigeants s’ouvre ce lundi 22 mars 2021 au tribunal correctionnel de Versailles. Ils sont accusés d’avoir mis en place un système d’espionnage illégal à partir de 2009.
La chaîne suédoise d’ameublement Ikea est accusée d’avoir espionné ses employés et ses clients pendant des années grâce à un fichier policier. Un procès contre la société d’ameublement et ses anciens dirigeants s’est ouvert lundi au tribunal correctionnel de Versailles. Les accusés risquent des peines de prison allant jusqu’à dix ans, et Ikea pourrait se voir infliger une amende allant jusqu’à 3,75 millions d’euros. Le procès doit se terminer le 2 avril.
Le début des accusations
Le scandale a été mis au jour en 2012 par le journal satirique, Canard Enchaîné et le portail d’investigation Mediapart. Les syndicats avaient porté plainte contre la société, l’accusant de collecter des données personnelles de manière illégale et frauduleuse.
Les enquêteurs pensent que l’entreprise suédoise a mis en place un système d’espionnage illégal en France à partir de 2009 pour obtenir des informations confidentielles sur des centaines d’employés, de candidats à l’emploi et de clients. Les accusations portent sur la collecte illégale de données, la violation du secret professionnel et la dissimulation des actes. Cependant, les défendeurs nient ces allégations.
La surveillance de ses employés et de certains clients
L’une des allégations est que l’entreprise a fait un usage non autorisé des données concernant un employé qui avait demandé des allocations de chômage et qui conduisait une Porsche. Dans un autre cas, l’entreprise s’est renseignée sur les éventuels casiers judiciaires d’un employé qui conduisait une voiture de luxe avec un faible revenu.
Des clients ont également accusé Ikea France d’avoir accédé de manière inappropriée à leurs données personnelles.
Budget annuel de plus de 500 000 pour gestion des risques
L’ancien responsable du département de gestion des risques d’Ikea France, Jean-François Paris, a témoigné lors des auditions que 530 000 à 630 000 euros avaient été prévus dans le budget annuel pour de telles enquêtes. Il est lui-même un accusé. Les anciens PDG Jean-Louis Baillot et Stefan Vanoverbeke, l’ancien directeur financier Dariusz Rychert et des directeurs de succursales sont également inculpés.
Selon l’accusation, les prévenus employaient des détectives privés pour lesquels plusieurs 100 000 euros de commissions étaient versés chaque année. Quatre anciens officiers de police sont également inculpés. Ils sont accusés d’avoir transmis des informations confidentielles à l’entreprise, par exemple sur le casier judiciaire d’employés ou de candidats.
Ikea France a nié avoir espionné des personnes. Cependant, la société mère suédoise a licencié quatre cadres en 2012 après que le bureau du procureur ait ouvert une enquête.