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Ukraine derrière le sabotage du Nord Stream ?

Le 26 septembre 2022, des attentats à l’explosif sont perpétrés contre trois des quatre tubes du gazoduc Nord Stream 1 et 2 . Un « groupe pro-ukrainien » serait à l’origine de l’attaque

Le 26 septembre 2022, des attentats à l’explosif sont perpétrés contre trois des quatre tubes du gazoduc Nord Stream 1 et 2 . Un « groupe pro-ukrainien » serait à l’origine de l’attaque, ce que Kiev nie …

“Nous faisons tout notre possible pour identifier les responsables de cet acte et les traduire en justice en Allemagne ” a déclaré mi-août le chancelier Olaf Scholz (SPD). Il a promis de la transparence et de la clarté dans cette affaire. La Chancellerie suit de très près l’évolution de l’enquête. Et c’est bien Outre Rhin qu’une enquête s’efforce de déterminer qui est derrière cet attentat qui date maintenant bientôt d’un an. Le procureur général fédéral mène des enquêtes pour “provocation d’explosion et sabotage anticonstitutionnel”, sous l’égide d’une enquête anonyme. Les suspects ont oscillé entre la Russie, la Pologne et les États-Unis à différents moments, mais depuis les révélations du New York Times, de Die Zeit et de la Süddeutsche Zeitung en mars dernier, l’Ukraine est devenue le principal suspect.

Une enquête conjointe menée par la chaîne publique ZDF et l’hebdomadaire Der Spiegel, publiée récemment, soutient cette hypothèse. Après six mois d’investigations, une équipe de deux douzaines de journalistes a réussi à reconstituer le scénario probable de l’attaque, en retrouvant notamment la trace du voilier utilisé par le commando. Ils ont suivi son itinéraire depuis le port de plaisance de Rostock, où le bateau Andromeda a été loué le 6 septembre, jusqu’à son escale sur l’île de Christianso, située à 44 kilomètres du site de l’explosion, puis jusqu’à son retour au port le 23 septembre.

Après avoir exploré diverses pistes, des navires de guerre aux sous-marins, les enquêteurs allemands ont finalement conclu avec une forte certitude que le voilier avait été utilisé dans l’attaque. Une chance inespérée a permis de faire cette découverte : l’équipage suspect avait été le dernier à louer le bateau, qui n’avait pas été nettoyé avant d’être mis en cale sèche. Les chiens des enquêteurs ont détecté des traces d’explosifs à bord, allant de la cabine aux toilettes. Les analyses ont confirmé la présence d’un explosif utilisable sous l’eau, l’octogène (HMX), dont des traces ont été retrouvées sur les tuyaux perforés par l’explosion. Le capitaine de frégate Göran Swistek, également expert en sécurité maritime au think-tank SWP, a estimé qu’il aurait fallu environ 40 kg d’HMX pour chacune des charges explosives. Il a déclaré lors de l’émission de la ZDF “Frontal” : “Je suppose qu’une quantité aussi importante d’explosifs n’aurait pas pu échapper aux services de renseignement. Il provient donc probablement de stocks militaires mis à disposition pour cette opération.”

Les équipes on également investigué du coté de l’équipage qui a loué le voilier : la prestation a été réglée par une agence de voyages de Varsovie, Feeria Lwowa, qui ne possède ni site internet, ni numéro de téléphone, ni bureaux, ni employés à l’adresse indiquée. Sa gérante, selon le registre du commerce polonais, est résidante à Kiev, une certaine Nataliia A., âgée de 54 ans. Un des membres d’équipage a été identifié comme étant un Ukrainien disposant d’une fausse carte d’identité moldave. En réalité, il se nomme très probablement Valeri K. Originaire de la région de Dnipro, il est un militaire de carrière affecté à la 93e brigade mécanisée de l’armée ukrainienne et aurait suivi des cours de plongée en parallèle. Selon Der Spiegel, l’équipage, composé de six personnes, dont des nageurs de combat et un médecin, aurait agi sous les ordres du commandant en chef ukrainien Valeri Zaloujny. Cependant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’aurait pas été informé de cette opération, peut-être pour ne pas le compromettre, car elle visait à priver définitivement Moscou d’une source de revenus essentielle pour financer sa guerre d’agression. Kiev nie toute implication.

La patrouille des navires militaires russes dans la zone, quatre jours avant les explosions, pourrait trouver d’autre explications. Plusieurs services de renseignements avaient été informés de l’opération commando dont les Etats-Unis.

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