La mesure concerne principalement Vénissieux et Bourg-en-Bresse, deux des quatre sites de production du constructeur de poids lourds dans l’Hexagone.
Le groupe Renault Trucks SAS, filiale du suédois Volvo, a annoncé, dans un communiqué diffusé mardi 16 juin, la suppression de 463 postes en France. La mesure concerne principalement deux de ses quatre sites de production hexagonaux, à Vénissieux (métropole de Lyon) et Bourg-en-Bresse (Ain). Cette décision découle de la crise économique liée au Covid-19, selon la direction du groupe, qui emploie au total 7 370 salariés sur le territoire national.
« Après des années favorables durant lesquelles ses clients ont massivement renouvelé leurs parcs de camions, Renault Trucks voit ses activités impactées par la crise économique mondiale post Covid-19, et par le ralentissement de la demande de véhicules industriels », est-il écrit dans le communiqué. Le groupe précise qu’il « s’attend à un ralentissement durable de la demande de ses clients ». Il prévoit une baisse de 50 % du marché des véhicules de transport pour 2020.
Les suppressions de postes ne devraient pas se traduire par des licenciements secs. Cité dans le communiqué, Bruno Blin, président de Renault Trucks SAS, déclare : « Notre volonté est de nous appuyer uniquement sur des mesures de départs volontaires et des mobilités internes, et ainsi de ne procéder à aucun licenciement contraint. » Un dispositif de rupture conventionnelle collective est engagé, en vue de la mise en œuvre d’un plan de départs dès septembre.
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« Pour nous, cette annonce n’est hélas pas une surprise. Après celle d’un plan de réduction des coûts fin 2019, nous savions que la crise sanitaire allait accélérer et amplifier les mauvaises nouvelles », confie au Monde Olivier Porret, secrétaire (CFE-CGC) du comité social et économique de Renault Trucks Vénissieux, qui rappelle que plusieurs vagues de départs volontaires ont déjà eu lieu, en 2014 et 2015.
La réduction d’effectifs annoncée cette semaine concerne des cadres et des techniciens employés dans le domaine des études, de la recherche et développement (R&D). Une centaine des postes supprimés devrait être réaffectée dans la filiale Arquus, plus spécialisée dans le domaine de la défense. Après ces transferts, il resterait donc 360 postes effectivement supprimés sous forme de départs, dont 335 à Lyon (sur 4 320 salariés), et 25 à Bourg-en-Bresse (sur 1 320 salariés). Selon les syndicats, les changements de postes et de métiers au niveau interne risquent de s’accentuer dans les cinq ans à venir.
Le groupe Volvo a prévu de réduire de 35 % son budget de R&D en 2020, ce qui pousse les syndicats à s’interroger sur la stratégie de l’entreprise. « La révolution technologique est en cours, avec le développement des moteurs électriques, avec la montée de l’hydrogène. Il est difficile de comprendre pourquoi on retire des compétences dans les études », juge Olivier Porret. « Le choix est de prioriser des études de nouveaux produits, de mettre tous les efforts sur des projets importants, en particulier pour des produits répondant aux exigences environnementales », répond au Monde la direction de Renault Trucks.
A l’échelle mondiale, Volvo emploie environ 104 000 personnes, réparties dans 18 pays, pour un chiffre d’affaires de 40,5 milliards d’euros en 2019. Le groupe a annoncé la suppression de 4 100 emplois au second semestre 2020, ce qui représente environ 4 % de son effectif total. En France, Renault Trucks a cédé sa division camions à Volvo en 2001.
A Lyon, le site historique, étiré de part et d’autre d’un long boulevard, entre Vénissieux et Saint-Priest, était complètement à l’arrêt durant le confinement. Une seule ligne de production de pièces détachées fonctionnait. La quasi-totalité des salariés de l’usine a bénéficié des mesures de chômage partiel. Les cadres avaient accepté de baisser leur rémunération nette à 92 %, afin de permettre une meilleure indemnisation des ouvriers et techniciens, à hauteur de 92 % de leur salaire net, au lieu des 84 % prévus.
Pour les employés, désormais confrontés aux suppressions de postes, cet élan de solidarité ne semble plus qu’un lointain souvenir. « La période va être stressante dans les trois mois à venir. L’incertitude est difficile à vivre pour ceux qui vont se résoudre au départ, comme pour ceux qui vont connaître des transferts de postes », conclut Olivier Porret.