Début août, l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, a émis l’idée de créer un nouveau parti politique. Les commentaires de Gbagbo sont intervenus après son retour en Côte d’Ivoire le 26 juin, après près de 10 ans d’inculpation à la Cour pénale internationale. L’ancien président de la Côte d’Ivoire, crée un nouveau parti politique de « gauche panafricaine » samedi et dimanche 16 et 17 octobre, en vue de l’élection présidentielle de 2025.
En juillet 2019, la Cour l’a acquitté de crimes contre l’humanité, notamment de meurtres, de viols et d’ «autres actes inhumains » pendant les violences post-électorales de 2010-2011. Le retour de Gbagbo a été scellé lorsque la chambre d’appel de la cour a confirmé l’acquittement en mars 2021. Et le président Alassane Ouattara lui a remis un passeport diplomatique.
L’annonce de Gbagbo confirme son intérêt à exercer une influence politique dans un pays où l’opposition est divisée et où le président fait face à des critiques pour avoir obtenu un troisième mandat.
La perspective d’un nouveau parti politique avec la bénédiction de Gbagbo pourrait unifier l’opposition et constituer un formidable défi pour Ouattara et sa coalition au pouvoir. Elle est également susceptible de renforcer la participation et l’intérêt pour la politique, qui s’est essoufflée lors des défaites et boycotts successifs de l’opposition.
Divisions des partis
La Côte d’Ivoire compte trois principaux partis politiques : le Front populaire ivoirien, le Rassemblement des Républicains de Ouattara et son partenaire de coalition, le Parti démocratique de la Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain. Dans les années 1990, sous Gbagbo, le Front populaire ivoirien était le principal parti d’opposition. Après le coup d’État militaire de 1999 et la direction intérimaire du général Robert Guéï, la force du parti et le manque d’alternatives ont permis à Gbagbo de remporter l’élection présidentielle de 2000.
Le Front populaire ivoirien a gouverné jusqu’aux élections contestées de 2010. Les résultats du second tour de l’élection présidentielle, que Gbagbo a refusé d’accepter, ont été à l’origine du conflit. Lorsque le parti était au pouvoir, il y avait des divergences internes sur la politique à mener et sur la manière de traiter les rebelles pendant la guerre civile qui a débuté en 2002. Certains membres souhaitaient que la Côte d’Ivoire prenne ses distances avec la France, tandis que d’autres étaient plus conciliants. Certains voulaient négocier un accord avec les rebelles tandis que d’autres cherchaient à gagner la guerre militairement.
Lors des élections de 2010, les divisions se sont aggravées. Les partisans de la ligne dure proches de Gbagbo ont insisté pour qu’il se retranche et refuse de transférer le pouvoir à Ouattara. D’autres membres du parti affirment avoir exprimé leur soutien à un gouvernement de partage du pouvoir comme ceux du Kenya et du Zimbabwe.
L’arrestation de Gbagbo
Le désaccord le plus important entre les dirigeants du parti portait sur la manière de gérer le statut de Gbagbo au sein du parti après son arrestation et son inculpation par la Cour pénale internationale. Certains dirigeants ont encouragé le parti à éviter les activités politiques sans Gbagbo comme porte-drapeau. Ils pensaient qu’il reviendrait dans le pays et rétablirait sa position politique.
D’autres dirigeants du parti ont cherché à poursuivre les activités et à remplacer Gbagbo à la tête du parti. Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre dans les années 2000, est devenu le chef du parti, mais il a dû faire face à la résistance des alliés de Gbagbo.
Contrairement à Gbagbo, N’Guessan n’était pas un homme politique populaire dans son parti. Gbagbo et ses alliés ont déclaré que N’Guessan tenait le Front populaire ivoirien « en otage, foulant aux pieds des années de sacrifice des hommes et des femmes qui sont les militants du parti ».
Le parti, sous la direction de N’Guessan, n’a pas réussi à obtenir une large résonance et une influence politique. Bien que de nombreux petits partis d’opposition aient boycotté les élections de 2015, N’Guessan a recueilli un maigre 9,3 % des voix contre 83,7 % pour Ouattara. N’Guessan a ensuite été autorisé à se présenter aux élections de 2020, tandis que Gbagbo en était empêché en raison de la procédure judiciaire en cours. Les partis d’opposition, dont celui de N’Guessan, ont boycotté les élections de 2020 et Ouattara a remporté un troisième mandat sans concurrence.