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Mali : une enquête de l’ONU conclut que l’armée française a tué 19 civiles lors d’une frappe sur le village de Bounti en janvier

Dans un rapport publié ce mardi, les enquêteurs des Nations Unies ont découvert qu’une frappe aérienne de l’armée française en janvier au Mali avait en fait tué presque exclusivement des civils. Alors que le gouvernement français avait affirmé avoir tué que des terroristes.

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies au Mali(MINUSMA) a indiqué qu’elle avait interrogé plus de 400 personnes, dont au moins 115 séances individuelles en face à face, depuis la grève et a confirmé la surprenante vérité.

Selon la MINUSMA , une centaine de personnes se sont rendues au village depuis plusieurs hameaux environnants pour participer au mariage, prévu depuis des mois.

«Il y avait cinq individus armés parmi eux, des membres présumés de Katiba Serma», note le rapport de la MINUSMA, faisant référence à un groupe de milice qui, selon la rumeur, serait affilié à Al-Qaïda. Deux des hommes sont partis avant la frappe et les trois autres ont été tués. Cependant, 19 autres personnes l’étaient également.

La MINUSMA a immédiatement ouvert une enquête sur l’incident, tout comme Human Rights Watch, et le 21 janvier, HRW a publié son propre rapport concluant que 19 civils avaient été tués – le même nombre rapporté mardi par la MINUSMA.

L’armée française conteste la « méthodologie » utilisé sur le rapport de l’ONU

Le ministère français des Affaires étrangères a totalement rejeté le rapport de l’ONU et, dans une réponse de mardi, a accusé les enquêteurs d’être embarrassés. Le ministère a déclaré qu’il avait utilisé un «processus de ciblage robuste» pour la grève et a déclaré qu’il avait «de nombreuses réserves sur la méthodologie utilisée» par la MINUSMA.

«Les seules sources concrètes sur lesquelles se fonde ce rapport relèvent de témoignages locaux. Ils ne sont jamais retranscrits, l’identité des témoins n’est jamais précisée tout comme les conditions dans lesquelles ces témoignages ont été recueillis.», a-t-il précisé. «Il est dès lors impossible de distinguer les sources crédibles des faux témoignages d’éventuels sympathisants terroristes ou d’individus sous influence (y compris la menace) des groupes djihadistes.»

Des civils réunis et non des terroristes

Les enquêteurs de l’ONU appuyés par deux experts et des casques bleus assurent par ailleurs dans leur rapport, être « en mesure de confirmer la tenue d’une célébration de mariage » de 9 heures à 15 heures.

Cependant, le ministère des Armées du 7 janvier a déclaré que plus d’une heure avant la frappe, un drone REAPER a détecté une moto avec 2 individus au nord de la RN16. Le véhicule a rejoint un groupe d’une quarantaine d’hommes adultes dans une zone isolée. L’ensemble des éléments renseignement et temps réel ont alors permis de caractériser et d’identifier formellement ce groupe comme appartenant à un GAT.

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