Société

Justice : Face à la colère des magistrats, Jean Castex joue l’apaisement et relance l’idée d’une justice de proximité

Jean Castex

Alors que son ministre de la justice bat de l’aile, le Premier ministre s’est directement adressé aux représentants de la justice française. Il y a exprimé sa volonté de voir une réelle application des peines tout en accordant des garanties aux magistrats pour mieux exercer leur métier.

Le constat est unanime. La justice française dysfonctionne. Et figure ainsi parmi les priorités du gouvernement Castex. Ce dernier a d’ailleurs favorisé la création de 250 emplois cette année dans le domaine judiciaire et compte en créer 550 l’an prochain. Une manière de lutter contre la déchéance d’une justice qui a perdu la confiance de la moitié des français. Car les maux du pouvoir judiciaire sont lourds. Manque d’effectif, opacité, longueur excessive, peu dissuasive… La justice est depuis longtemps en quête d’un second souffle.

Et les magistrats grondent. Outre les traditionnelles revendications relatives aux manques de moyen, c’est cette fois-ci la personnalité du Garde des Sceaux qui agace. Ses déclarations fracassantes et son style tumultueux l’ont coupé des magistrats. Ils estiment que la personnalité ombrageuse du ministre pose un risque sur l’indépendance du pouvoir judiciaire et l’effectivité de leurs actions. Demandant même l’intervention d’Emmanuel Macron pour calmer son turbulant ministre. Un désaveu illustrant la profonde défiance des magistrats vis à vis de leur autorité politique.

Elle devait alors réagir. Et c’est désormais chose faîte avec l’intervention de Jean Castex, assisté par Eric Dupond-Moretti, devant différents représentants de l’autorité judiciaire (directeurs du ministère, présidents de cour d’appel, procureurs généraux…). Le Premier ministre a d’abord joué la carte de l’apaisement. Il a ainsi affirmé que l’Etat ne pourrait abandonner la justice sans s’abandonner lui-même. Une réflexion appuyée par le rappel de la hausse de 8% du budget consacré au ministère de la justice. Une nécessité pour assurer la sécurité du quotidien, assimilée à une des priorités du quinquennat.

Il souhaite ainsi s’en prendre aux délits du quotidien qui impactent directement la vie des français. “Cette petite délinquance, les petites incivilités, le tag, l’insulte, le petit trafic, les troubles à ce que le code communal appelle la tranquillité publique, qui se sont développés au point de gâcher la vie quotidienne des gens“. Et relance ainsi l’idée d’une justice de proximité s’appuyant davantage sur les ressources du territoire. Il ne s’agira pas de recréer le juge de proximité, récemment supprimé, mais de concevoir une nouvelle juridiction à même de réprimer ces délits en assurant l’effectivité des peines.

Le Premier ministre a effectivement affirmé craindre davantage la non-effectivité des peines que le laxisme. L’impunité étant selon-lui une des principales cause de défiance des français vis à vis de l’autorité judiciaire. Il a enfin répondu aux critiques des magistrats concernant l’ingérence du Garde des Sceaux dans certaines affaires sensibles. Un décret a été prononcé afin d’empêcher le ministre de suivre les affaires où il était impliqué. A l’instar de l’affaire relative au Parquet national financier.

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