La ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, a précisé la teneur de nouvelles mesures destinées à favoriser la diversité socio-professionnelle au sein de ces écoles. Celles-ci pourraient être expérimentées dès l’année prochaine.
“La haute fonction publique a perdu en diversité sociale et territoriale. C’est dans notre pays que les inégalités de destin se reproduisent le plus. Nous devons lutter contre cela, c’est une urgence. Il faut remettre en route l’ascenseur social. Pendant des décennies, la fonction publique en a été le moteur. Elle doit le redevenir“. Au vu des statistiques et des études menées sur le sujet, il est difficile de donner tord à la ministre. 80% des polytechniciens viennent d’une école parisienne, 76% des parents des élèves de l’ENA sont cadres supérieurs… Le contexte socio-territorial joue un rôle prépondérant dans l’admission auprès des pôles d’excellence.
Emmanuel Macron en avait d’ailleurs fait un de ses chevaux de bataille. Il avait à plusieurs reprises épinglé une “logique de caste” qui freinait le recrutement d’élèves issus de certains milieux. Car si la diversité socio-territoriale n’est que faiblement représentée dans les hautes-écoles de la fonction publique, elle est également en baisse. Dans la dernière promotion de l’Ecole Nationale d’Administration, seulement 1% des élèves avaient un parent ouvrier. Ils étaient 4% en 2006. Des chiffres recoupant plusieurs tendances enregistrées sur le sujet.
Or, l’ouverture socio-territoriale des grands corps revêt une certaine importance. Elle paraît nécessaire pour lutter contre différents maux régulièrement reprochés à la fonction publique : le centralisme parisien, l’ethnocentrisme culturel, le manque de connaissance du terrain, le ralentissement de l’ascenseur social… La plupart des élèves des grandes écoles provenant des mêmes lycées (Louis le Grand, Henri IV…), il est ainsi logique d’observer des similitudes de pensées ou de schémas de raisonnement qui nuisent à la diversité intellectuelle. Un obstacle à l’innovation, à la création et à la connaissance des spécificités de chaque territoire français.
Ainsi, Amélie de Montchalin souhaite l’émergence de différentes passerelles à même de soigner ces maux. Les concours de la haute-fonction publique (ENA, ENM, concours de police…) disposeront ainsi de voies d’accès spécifiques pour favoriser le recrutement parmi les milieux modestes. Elle s’appuiera ainsi sur les classes préparatoires à ces concours présentes sur l’ensemble du territoire français. Alors que ces classes comptent environ 700 élèves issus de milieux modestes, Amélie de Montchalin souhaiterait dorénavant en compter 2000. Un élément qu’elle juge essentielle pour lutter contre “un dispositif invisible et morcelé. Il doit être plus attractif, par exemple en les associant avec des universités et en faisant en sorte que cela débouche sur un diplôme“.
Cependant, il n’est pas question de tout remettre en cause. La ministre a fait part de sa volonté de conserver des épreuves écrites constituant le cœur des concours d’accès à la fonction publique. “Ces épreuves appartiennent à notre tradition méritocratique et démocratique. Elles permettent de mettre tous les candidats sur un pied d’égalité à un moment donné. J’y suis attachée“. Enfin, Amélie de Montchalin s’est déclarée favorable au tronc commun entre les administrateurs de l’Etat, les administrateurs territoriaux, les magistrats, les commissaires… Une mesure préconisée par le rapport Thiriez et qui permettrait, selon la ministre, de partager un vécu commun.
[…] de cadres ou des parisiens. Un problème également rencontré au sein de l’École Polytechnique. La création de voies d’accès réservées aux enfants de milieux modestes est ainsi à l̵…. Car le problème est d’importance. Il serait notamment à l’origine du centralisme […]