« Le changement climatique menace le marché des pâtes », ont averti la Fédération des pâtes alimentaires (Sifpaf) et le Comité français des semences (CFSI) dans un communiqué commun lundi soir. « Des précipitations excessives en Europe et une sécheresse sans précédent au Canada » ont entraîné une pénurie de blé dur, seule matière première pour la production de pâtes, ce qui va entraîner « une hausse historique des prix sur le marché mondial ».
Le Canada, qui a été frappé par une vague de chaleur cet été, est le premier producteur mondial de blé dur. Selon un rapport de Statistique Canada (StatCan), la canicule a entraîné « une récolte de moins de 4,2 millions de tonnes […], soit 32 % de moins que la moyenne quinquennale et près de 30 % de moins que les prévisions du 20 juillet », qui met en garde les producteurs : « Les stocks historiquement bas n’aident pas le marché mondial à stocker le blé dur ».
La Russie est-elle la nouvelle puissance agricole ?
De plus, « la récolte européenne de 7,3 millions de tonnes n’est pas suffisante pour répondre à la demande de 9,5 millions de tonnes », écrivent-ils, notant qu’en France, les fortes pluies pendant la floraison et la récolte « réduiront considérablement la production française de blé dur par rapport à la production de pâtes ». En conséquence, « depuis la mi-juillet, les prix mondiaux du blé dur ont historiquement augmenté de plus de 30 % en quelques semaines seulement, et cette hausse pourrait encore s’accélérer avec la fin de la récolte canadienne et l’augmentation du déficit mondial ».
Les agriculteurs demandent donc aux autorités d’élaborer un « plan d’urgence » pour garantir l’approvisionnement en blé français et aux distributeurs de « répercuter la hausse des cours du blé dur sur leurs prix de vente afin de faire face à cette crise exceptionnelle ».
Les agriculteurs français restent sceptiques. Le changement climatique modifie les zones propices à la culture du blé. La Russie profite du dégel des champs gelés par la hausse des températures. Un rapport récent de Demeter et Iris montre que d’ici 2080, le pays pourrait doubler ses terres agricoles et devenir une réserve mondiale. D’ici 2021, la Russie deviendra le premier exportateur mondial de blé, dépassant l’Europe.