Alors que le marché français de la betterave subit de plein fouet la concurrence étrangère, le Parlement réfléchit à la possibilité de ré-autoriser les néonicotinoïdes. Un facteur de productivité aux conséquences écologiques…
Comme souvent, l’équation n’est pas simple. Il y a d’un côté, la contrainte humaine et économique. Utilisée pour la production de sucre, la culture de la betterave s’essouffle. Elle subit de plein fouet la concurrence étrangère, et tout particulièrement celles du Brésil et de l’Inde. Alors que le contexte sanitaire et les difficultés agricoles n’ajoutent rien à l’affaire, la fin des quotas de sucre au niveau européen avait déjà sérieusement affaiblie les producteurs.
En effet, depuis la fin des quotas, les prix ont baissé de 50% et 7 usines européennes, dont 4 françaises, ont du mettre la clé sous la porte. La concurrence étrangère a donc fait des ravages. Mais l’interdiction des néonicotinoïdes en 2016 a également couté cher aux agriculteurs. Depuis cette date, la productivité des cultures a chuté de 40% sur les surfaces concernées par l’interdiction. Aujourd’hui, les agriculteurs craignent pour leur survie.
Un problème d’envergure. Car le marché du sucre est stratégique à plus d’un titre. A l’échelon national, il représente 90 000 emplois. A l’échelon international, la France exporte pour plus d’un milliard d’euros de sucre. Une donnée essentielle quant on sait l’importance que revêt les exportations en matière d’économie, de relations internationales et d’influence.
Mais l’équation est également d’ordre écologique. Les néonicotinoïdes sont polluants et ont de fâcheuses répercussions sur les abeilles. Un élément problématique car les abeilles revêtent une importance prépondérante en termes d’écologie. Elles participent à environ 80% de la pollinisation des espèces végétales, ce qui faisait dire à Albert Einstein que si elles venaient à disparaitre, l’humanité n’aurait plus que quelques années à vivre.
Le gouvernement doit donc trancher. Il réfléchit à la possibilité d’accorder une dérogation à la filière afin de relancer le secteur et d’éviter de devoir importer du sucre étranger produit dans de mauvaises conditions. Ce qui serait dommageable aussi bien pour l’économie et que pour l’écologie. Dans le même temps, les écologistes estiment qu’une dérogation éventuelle ne saurait être une solution, invoquant d’autres pistes de réflexion comme les indemnisations ou autres formes de soutien à la filière.