De Claude Guéant à Patrick Buisson en passant par Pierre Giacometti ou Emmanuelle Mignon, c’est toute une époque politique – celle du mandat de Nicolas Sarkozy (2007-2012) – qui défilera à la barre de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris à partir du lundi 18 octobre, pour répondre à l’affaire dite des « sondages de l’Elysée ». Pendant les cinq années du mandat de M. Sarkozy, l’Elysée a commandé et facturé à des sociétés amies des sondages d’opinion, sur des sujets parfois sans grand rapport avec la conduite de l’Etat, et sans passer par les procédures normales d’appel d’offres.
Pour moi Jérôme Karsenti, avocat de l’association anticorruption Anticor, partie civile, ce procès pose la question de « la manière dont Nicolas Sarkozy a exercé le pouvoir, utilisant l’Elysée et les moyens de l’Etat dans son intérêt personnel, soucieux avant tout de son image et de sa possible réélection au mépris des règles de droit, de l’argent public, qui a permis l’enrichissement personnel de Patrick Buisson, en remerciement de ses bons et loyaux services pendant la campagne ». Elle reflète également le problème des délais judiciaires : plus d’une décennie s’est écoulée entre la première plainte déposée contre X par Anticor, le 11 février 2010 suite à un rapport de la Cour des comptes, et le procès.
L’affaire des « sondages de l’Elysée »
L’utilisation parfois intensive de sondages par la présidence de la République, au cœur du procès, n’est pas nouvelle. Leur commande et leur paiement se sont longtemps déroulés dans l’opacité la plus totale. Mais, en 2008, la Cour des comptes obtient pour la première fois la possibilité de contrôler la gestion de l’Élysée. Le rapport qu’elle publie l’année suivante évoque une irrégularité dans la convention d’appel d’offres signée avec un « cabinet d’études » chargé de commander des sondages, pour un total de 1,5 million d’euros entre 2007 et 2009. Il s’agit de Publifact, dont le leader n’est autre que l’influent conseiller Patrick Buisson, politologue d’extrême droite.