La fuite inhabituelle d’une correspondance directe entre deux dirigeants mondiaux est survenue mardi, alors que les deux pays continuent de se quereller au sujet de l’annulation d’une commande australienne de 12 sous-marins à l’entrepreneur de défense français Naval Group, Paris étant toujours furieux de ce qu’il estime être un manque d’avertissement.
Paris est toujours furieux de ce qu’il considère comme un manque d’avertissement. « Dois-je m’attendre à de bonnes ou de mauvaises nouvelles pour nos ambitions communes en matière de sous-marins ? », peut-on lire dans le SMS qui a fait l’objet d’une fuite, selon le Daily Telegraph, un journal australien. Le message est daté de 48 heures avant l’annonce par l’Australie d’un nouvel accord d’achat de sous-marins nucléaires aux États-Unis.
Le texte soulève de nouvelles questions sur ce que la France savait exactement des intentions de l’Australie d’abandonner le contrat. Les responsables français ont assuré à plusieurs reprises qu’ils ne savaient rien de la sorte, tandis que leurs homologues australiens affirment que l’écriture était sur le mur. « J’ai été très clair sur ce qu’était cette communication, et c’était nécessaire étant donné les questions qui ont été soulevées », a déclaré Morrison lorsqu’il a été interrogé sur les commentaires de Thébault.
Ambassadeur de France : La fuite d’un texte de Macron par l’Australie est une « nouvelle déchéance sans précédent».
La fuite dans la presse d’un message texte envoyé par le président français Emmanuel Macron au Premier ministre australien Scott Morrison est un « nouveau bas sans précédent » dans la relation entre les deux pays, a déclaré mercredi l’ambassadeur de France à Canberra, Jean-Pierre Thébault.
Ce geste aura un impact sur « la manière de procéder et aussi en termes de vérité et de confiance », a déclaré M. Thébault dans un discours indigné devant le National Press Club d’Australie. « On ne se comporte pas comme ça lors d’échanges personnels de dirigeants », a-t-il ajouté. « Agir ainsi envoie aussi un signal très inquiétant pour tous les chefs d’État : ‘Attention, en Australie, il y aura des fuites. Et ce que vous dites en toute confidentialité à vos partenaires finira un jour par être utilisé et utilisé comme une arme contre vous.’ »
Le désaccord s’est manifesté au plus haut niveau ces derniers jours, lors du sommet du G20 à Rome et de la conférence sur le climat COP26 à Glasgow.
Interrogé dimanche à Rome pour savoir s’il pensait que Morrison lui avait menti, Macron a répondu : « Je ne pense pas, je sais. »
Le lendemain, à Glasgow, Morrison a répliqué en dénonçant les « insultes » et en déclarant aux journalistes : « Je ne vais pas accepter que l’Australie soit calomniée. » Morrison a affirmé que Macron « était clairement conscient depuis quelques mois qu’il y avait des préoccupations … et nous avons eu une correspondance et d’autres messages au cours de cette période. »
Morrison a déclaré avoir essayé d’appeler Macron avant l’annonce d’un nouvel accord, mais n’a pas obtenu de réponse. Selon les médias français, le téléphone de Macron a sonné pendant le Conseil des ministres hebdomadaire, qu’il préside, ce qui explique son indisponibilité. Plus tôt dans la semaine, M. Macron a rencontré à Glasgow l’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull, selon Le Monde. Turnbull était le Premier ministre en exercice lorsque l’accord initial entre la France et l’Australie a été signé en 2016, avant d’être remplacé en 2018 par Morrison, son ministre des Finances.
Turnbull a été interrogé sur la prise de bec française par des journalistes à Glasgow. « Oh, il m’a menti à de nombreuses reprises », a déclaré l’ancien Premier ministre australien lorsqu’il a été interrogé sur son successeur. « Je veux dire qu’il y a pas mal d’exemples dans mon livre, mais il est – Scott a toujours eu la réputation de dire des mensonges ».
Le Premier ministre évite les accusations selon lesquelles les fuites de SMS de Macron proviennent de son bureau.
Le Premier ministre Scott Morrison a évité de répondre à une question directe sur le fait qu’un SMS entre lui et le président français Emmanuel Macron ait été divulgué par son bureau. La fuite de ce message, obtenue par l’Australian Financial Review, montre que les Français savaient que le contrat des sous-marins était en danger. S’exprimant à Dubaï sur le chemin du retour du sommet COP26, on lui a demandé directement si la fuite venait de son bureau. Les messages de Macron révélés, le Premier ministre ne se laissera pas berner. On pense que le contrat pour les sous-marins connaissait déjà des problèmes bien avant que l’Australie ne rejoigne l’AUKUS, mais le président français Emmanuel Macron ne voulait pas le savoir.