Le gouvernement tente d’atténuer la pression de la crise gazière mondiale et d’enrayer la hausse des prix du gaz et de l’électricité. La flambée des coûts énergétiques dans toute l’Europe.
Dans un discours diffusé jeudi soir, le Premier ministre Jean Castex a annoncé qu’après une hausse de 12,6 % des prix du gaz déjà prévue pour vendredi, le gouvernement empêcherait toute nouvelle augmentation des prix jusqu’en avril 2022.
M. Castex a également annoncé que le gouvernement limiterait à 4 % la hausse des tarifs de l’électricité prévue en février en diminuant les taxes payées sur l’électricité.
« Nous allons installer ce que nous appelons un “bouclier tarifaire” pour le gaz et l’électricité », a déclaré M. Castex à la chaîne de télévision TF1. « Nous allons nous protéger de ces hausses de prix ».
Dans le cadre de l’élection présidentielle d’avril, le gouvernement est parfaitement conscient du risque que les consommateurs soient confrontés à des hausses.
Eviter les manifestations de 2018 avec les gilets jaunes
Les manifestations ont été alimentées par la flambée des prix d’énergie et une proposition du gouvernement d’augmenter les taxes sur les carburants pour lutter contre le changement climatique.
La politique énergétique de la France est devenue un important sujet de débat politique entre les candidats à la présidence, alors que les prix de l’électricité continuent d’augmenter jusqu’au printemps 2022.
Subvention énergétique exceptionnelle de 100 millions d’euros pour les 5,8 millions de ménages
Le gouvernement français a déjà annoncé une subvention énergétique exceptionnelle de 100 millions d’euros pour les 5,8 millions de ménages les plus pauvres du pays, qui représente 580 millions d’euros de dépenses publiques. M. Castex a déclaré que le gouvernement envisagerait d’augmenter ce versement si les mesures de gel des prix de l’énergie ne suffisaient pas à réduire la pression sur les ménages.
La ministre de l’Environnement, Barbara Pompiri, a annoncé jeudi que les prix de l’électricité allaient augmenter de 12 % dans 70 % des ménages au début de l’année prochaine. Cette hausse est actuellement limitée à 4 % et les coûts plus élevés sont compensés par la baisse des taxes payées sur l’électricité. Parallèlement, 3 millions de ménages qui utilisent le gaz et ne paient pas de prix fixe seront soumis à une augmentation de 15 % de leur facturation à partir du 1er novembre, en plus d’une hausse de 12,6 % ce vendredi, a indiqué Mme Pompiri.
Pas de changement sur les tarifs appliqués actuellement
Selon Castex, ces tarifs sont actuellement gelés et aucune autre augmentation de prix n’interviendra après le 1er octobre, jusqu’à la baisse mondiale des prix attendue en mars ou avril.
Les consommateurs français sont partiellement isolés de la hausse des prix de l’électricité ailleurs en Europe et en Asie, car plus de 70 % de l’électricité du pays provient de centrales nucléaires. Néanmoins, le public et les entreprises se sont montrés frustrés par le fait que le mix énergétique du pays, riche en énergie nucléaire, ne les protège pas plus complètement des hausses de prix mondiales.
En effet, une partie de l’électricité française est indexée sur le marché européen plus large et son prix est fixé en fonction du coût marginal de la dernière unité énergétique (généralement le gaz) requise.
Système européen de tarification de l’énergie de « ridicule » et « obsolète »
Cette frustration a conduit à un appel plus large pour que la France obtienne une plus grande « souveraineté » énergétique.
La semaine dernière, le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Mer a qualifié le système européen de tarification de l’énergie de « ridicule » et « obsolète ».
Sur la télévision du Congrès, il a déclaré : « En France, nous nous approvisionnons en électricité à partir de centrales nucléaires et hydrauliques (…) Donc, nous avons une énergie à très bas coût et sans carbone, mais c’est un marché (…). Ça veut dire que le prix de l’électricité correspond au prix du gaz. »
« Les Français paient la facture d’une manière qu’ils ne comprennent pas – et c’est complètement inefficace d’un point de vue économique », a-t-il ajouté.
La France va bloquer la hausse des prix du gaz et de l’électricité jusqu’au printemps.