Un rapport effectué par le Centre Européen sur les Relations Internationales promeut différentes mesures pour permettre à l’Union Européenne de protéger ses entreprises.
La nature de la mondialisation est en train de changer. Du fait de l’impossibilité pour les grandes puissances de s’affronter sur le plan militaire, le champ de bataille se déroule dorénavant sur le terrain économique. Les entreprises, premiers facteurs de richesse et de performance technologique d’un Etat, sont désormais ses armes les plus puissantes à l’international. Ainsi, la Chine et les Etats-Unis n’hésitent pas à manipuler la mondialisation pour servir leurs propres intérêts. Une situation délétère pour une Union Européenne qui subit les méthodes déloyales de ses concurrents, comme la manipulation des marchés via les aides d’Etats, le cyber espionnage ou le détricotage du droit international.
La crise du coronavirus a ainsi montré aux européens la nécessité de s’armer sur le plan économique. Sous peine de subir les dictats américains et chinois. Le gouvernement chinois avait par exemple tenté de faire pression sur les États européens pour obtenir des concessions politiques en menaçant de retenir les fournitures médicales pendant la pandémie. Donald Trump a lui sapé la diplomatie européenne sur l’Iran en imposant des sanctions secondaires aux entreprises européennes. Il est alors nécessaire de fusionner géopolitique et géoéconomie pour rivaliser avec les deux superpuissances et protéger les intérêts et les valeurs du vieux-continent.
Tel est l’objectif du rapport effectué par le Centre Européen sur les Relations Internationales. Un rapport ayant reçu le soutien de nombreux contributeurs comme des banques, des industriels ou des personnalités politiques. En particulier français et allemands. Le rapport propose ainsi la création de sanctions contre les acteurs menaçant les entreprises européennes, à l’instar du gel des avoirs ou de l’interdiction de résider sur le continent. Les institutions européennes seraient au cœur du dispositif. Elles pourraient tirer profit du cadre européen, premier marché mondial, pour contrer les menaces étrangères. Si un pays décidait de sanctionner les entreprises européennes, comme dans les exemples précédents, l’Union Européenne pourrait répliquer en taxant à son tour ce pays, voire en lui fermant le marché européen.
Le rapport dévoile ainsi 10 propositions allant dans ce sens. La menace posée par les Etats-Unis et la Chine sur les entreprises européennes avait déjà suscité de nombreuses inquiétudes à l’échelon national. Le rapport publié l’an passé par le député Raphael Gauvin alertait l’Etat français sur plusieurs cas de concurrence déloyale. De nombreux experts de la guerre économique, comme Christian Harbulot, Alain Juillet ou Eric Dénécé, ont eux publié de nombreux ouvrages sur la question. Reste désormais à trouver un écho politique capable de transformer les analyses en actes de défense concrets.