Selon l’AIEA, la quantité d’uranium enrichi possédé par Téhéran atteignait en date du 20 mai 1571,6 kilos pour une limite autorisée à seulement 202,8 kilos.
Le stock d’uranium enrichi de l’Iran est huit fois supérieur à la limite autorisée par l’accord nucléaire de 2015 dont Téhéran a commencé à s’affranchir en mai 2019 et empêche depuis plusieurs mois l’inspection de deux sites anciens, a indiqué l’AIEA ce vendredi dans un rapport sur les activités nucléaires de Téhéran.
Selon les conclusions des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique, la quantité accumulée par Téhéran atteignait en date du 20 mai 1571,6 kilos d’uranium enrichi pour une limite autorisée à 202,8 kilos dans l’accord de Vienne signé entre l’Iran et les grandes puissances.
L’accord international sur le nucléaire iranien (JCPOA) est menacé depuis que les Etats-Unis l’ont dénoncé unilatéralement en 2018. Téhéran, asphyxié par les sanctions, a riposté en s’affranchissant, depuis mai 2019, de plusieurs de ses engagements. A rebours des obligations inscrites dans ce pacte prévu pour limiter drastiquement ses activités nucléaires, l’Iran produit aussi de l’uranium enrichi à un taux de 4,5%, supérieur au seuil de 3,67% fixé par l’accord, selon le rapport consulté par l’AFP.
Le taux d’enrichissement n’a cependant pas augmenté depuis juillet 2019 et reste encore très loin du seuil requis pour la fabrication d’une bombe atomique (plus de 90%). Les experts estiment généralement que la quantité requise pour confectionner une bombe nucléaire est de l’ordre de 1050 kilos d’uranium équivalent UF6 faiblement enrichi à moins de 5%, un seuil que Téhéran a dépassé depuis le début de l’année.
Ces entorses de l’Iran à ses engagements internationaux fragilisent l’accord sur le nucléaire signé en 2015 et compliquent le dialogue du pays avec les Etats restant parties prenantes au texte – la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine.
Autre point de tensions avec la République islamique : l’Iran continue de refuser à l’AIEA l’accès à deux sites que l’agence onusienne souhaite inspecter, selon le rapport consulté par l’AFP. Le document relève “avec une vive préoccupation que, pendant plus de quatre mois, l’Iran a refusé à l’agence l’accès (…) à deux endroits”.
Ces sites, à propos desquels l’AIEA s’interroge sur l’existence passée de matériel et activités nucléaires non déclarés, n’ont pas de lien avec les opérations actuelles de l’Iran. Selon plusieurs sources diplomatiques, ils ont trait aux projets nucléaires militaires du pays dans les années 2000. Mais le pays a l’obligation de répondre à ces demandes d’explication de l’agence en tant qu’Etat signataire du Traité de non-prolifération (TNP), soulignent les spécialistes.