L’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg a livré un sérieux réquisitoire contre la gauche française et Emmanuel Macron. Il y exprime sa vision des échecs passés et dit réfléchir à un nouvel engagement.
“Emmanuel Macron est le Julien Doré de la politique. Comme le chanteur, il a eu une carrière fulgurante et a percé en recyclant de vieux tubes, ceux du libéralisme passé“. Le ton est incisif et rappelle, autant sur la forme que sur le fond, les propos tenus précédemment par Lionel Jospin. A l’instar de l’ancien Premier ministre, Arnaud Montebourg démarre son analyse par un constat. Celui de l’échec du quinquennat de François Hollande. Il déplore ainsi le virage effectué par l’ancien chef de l’État. Selon lui, François Hollande s’est détourné de ses promesses de campagne pour céder aux exigences de “la technostructure profonde“. Abandonnant de ce fait les classes populaires.
Dans son livre “L’Engagement“, Arnaud Montebourg ne mâche pas ses mots contre l’administration française. Il déplore des technocrates issus des mêmes corps. Partageant par conséquent les mêmes réflexions, les mêmes réflexes… et le même éloignement des français. Ils auraient eu un rôle néfaste durant la politique d’austérité menée par François Hollande. Encourageant ce dernier à abandonner ses promesses de campagne pour embrasser la politique promue par Angela Merkel. Une politique qui aurait eu de sérieuses répercussions sur le train de vie de la classe moyenne. Arnaud Montebourg déplore ainsi le manque de courage d’un François Hollande qui n’aurait pas eu la force de maintenir ses convictions.
“Avec lui, nous avons appauvri des gens, nous avons mis des gens au chômage. Il n’a même pas pu se représenter et son Premier ministre a dû s’exiler en Catalogne. Il considère que le génie de la politique réside dans la duplicité. Je considère, moi, que le double langage et l’indécision sont destructeurs“. Il justifie alors le caractère inévitable de son départ du gouvernement en 2014 tant ses divergences furent profondes avec le chef de l’État. “Un divorce par consentement mutuel” selon ses mots. Arnaud Montebourg tient également à ne pas effacer sa part de responsabilité dans les mauvais résultats du gouvernement.
Il s’exprime enfin sur la politique menée actuellement par Emmanuel Macron qui fut d’ailleurs son successeur à la tête du ministère de l’Économie en 2014. Et là encore, Arnaud Montebourg ne mâche pas ses mots. Il assimile tout d’abord le macronisme à une escroquerie politique. “Macron est atteint du syndrome de Fregoli. Un acteur italien du début du XXe siècle qui, sur scène, changeait de costume en trente secondes“. Il critique le double-langage d’Emmanuel Macron qui multiplie les incohérences politiques en cherchant le soutien de tous les bords possibles. Un élément ayant conduit au règne du vide avec un bilan indiscernable et opaque.
Au sujet de l’élection présidentielle de 2022, Arnaud Montebourg n’exclut aucune option. Il dit réfléchir à une éventuelle candidature. Une candidature intimement liée à la construction d’un engagement ambitieux politiquement et plus exigeant intellectuellement selon ses termes. Il semble d’ailleurs avancer ses pions avec la publication de ce nouveau livre et ses différentes positions exprimées quand à la fusion Suez-Veolia et l’élaboration d’un nouveau protectionnisme.