Société

Vives inquiétudes sur la loi relative à la sécurité globale

C’est à partir d’aujourd’hui que la loi va être débattue sur les bancs de l’Assemblée Nationale. Et la bataille promet d’être rude tant la proposition divise.

Depuis plusieurs jours, Gérald Darmanin multiplie les propos marquants. Ces éléments de langage rodés et minutieusement préparés revêtent un objectif bien précis. Celui de remporter la bataille de l’opinion. Un enjeu décisif tant les menaces planent autour de son projet de loi. En homme politique expérimenté, le ministre de l’Intérieur sait que bien d’autres enjeux découlent de la réussite de son texte. En cas de succès, il verrait ainsi son horizon s’ouvrir pour alimenter sa ligne politique. Et relever les nombreux défis présents à sa porte. Entre le terrorisme, l’islam politique, les incivilités et le mal-être policier, les conflits ne manquent pas.

Alors il faut occuper le terrain. Gagner en légitimité en multipliant les rencontres, l’agenda médiatique et soigner ainsi sa cote de popularité. En effet, chaque élément pourra compter dans la bataille qui s’annonce. Car la politique du ministre ne fait pas l’unanimité. Des voix s’élèvent régulièrement contre une possible dérive sécuritaire. Son prédécesseur, Christophe Castaner, était déjà sous le feu des critiques. Les policiers l’accusaient d’inaction tandis que certains manifestants estimaient l’action policière trop répressive. Des opinions illustrant le profond clivage de la population sur les questions de sécurité.

Gérald Darmanin a lui choisi une politique de fermeté qu’il assume de bout en bout. Il n’a de cesse de répéter que la France est malade de son insécurité ou que le déclin de l’autorité est à l’origine des troubles actuels. Son projet de loi va ainsi en ce sens. Il vise à sécuriser l’action policière en interdisant notamment tout enregistrement et diffusion de celle-ci. Or, c’est précisément cet élément qui inquiète. Les journalistes s’en sont émus, y voyant une atteinte à la liberté d’informer. Plusieurs militants de l’État de droit craignent une opacité de l’action policière. Avec de potentielles dérives à la clé.

Trois rapporteurs de l’ONU ont ainsi adressés un courrier exprimant leurs inquiétudes sur ce sujet. A leurs yeux, la proposition de loi porte “des atteintes importantes aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales. Notamment envers la vie privée, le droit à la liberté d’expression et d’opinion, et le droit à la liberté d’association et de réunion pacifique“. Alors qu’Amnesty International avait déjà critiqué Emmanuel Macron pour sa “politique de répression”. Même son de cloche du côté des journalistes. Ils estiment que la diffusion de l’action policière contribue à renforcer l’État de droit. La transparence informerait la population tout en assurant le contrôle des institutions publiques.

En revanche, différentes voix justifient l’action du gouvernement. Le syndicat Alliance police estime que la mesure est nécessaire pour protéger les forces de l’ordre. Il rappelle ainsi que plusieurs d’entre-eux sont quotidiennement agressés. A ce titre, la diffusion de l’action policière renforcerait ce risque. Elle inciterait à la haine contre l’institution et faciliterait l’identification des policiers. En outre, les images de supposées violences seraient souvent sorties de leur contexte. Ne reflétant que très partiellement la réalité du terrain.

Leave a Comment