C’est ce que préconise un rapport parlementaire américain. La chambre des représentants a mené une enquête de 16 mois sur les géants du numérique en concluant que ceux-ci impactaient négativement la vie économique.
L’enquête fut aussi longue que minutieuse. Le sous-comité aux affaires antitrust de la chambre des représentants a livré un réquisitoire en règle contre les géants du numérique. Un rapport de 450 pages, appuyé par plus d’un million de document, détaillant en profondeur les domaines où le poids trop important des GAFA se fait sentir. Il faut dire que ceux-ci sont de plus en plus contestés. Ils annihileraient toute concurrence et nuiraient ainsi à des thèmes chers au libéralisme et au monde économique, comme l’innovation, la libre-concurrence et le droit des consommateurs.
L’acronyme GAFA désigne les entreprises Google (Alphabet), Apple, Facebook et Amazon. Représentant quatre des cinq plus grosses capitalisations boursières au monde, ils pèsent plus de 4500 milliards de dollars. Un poids économique absolument gigantesque qui n’est pas sans conséquence. Leur influence dans le domaine de la technologie leur permet de collecter un nombre incalculable de données sur les consommateurs, de monopoliser certaines innovations, d’éliminer la concurrence et de diriger de main de maître certains secteurs d’activités. Ils suscitent de ce fait une certaine suspicion de la part des Etats qui ont de plus en plus de difficultés à contrôler ces géants économiques.
Ainsi, le Congrès américain avait auditionné les patrons de ces entreprises. Ceux-ci avaient été sommé sur d’éventuels abus de position dominante et d’atteintes à la vie privée de leurs consommateurs. L’Union Européenne avait également infligé de lourdes amendes à Facebook et Google à la suite de telles pratiques. Une puissance qui génère différentes inquiétudes à l’heure où l’actuel libéralisme est remis en cause tandis que le rôle des Etats est parfois jugé trop faible vis à vis du monde économique.
Une situation qui est loin d’être inédite. Dans le passé, plusieurs entreprises ont été dans le viseur de certains Etats avant d’être démantelées. L’exemple le plus connu est celui de la Standard Oil, une société de raffinage et de distribution de l’énergie pétrolière. Suite à la maîtrise de cette énergie essentielle, l’entreprise avait atteint une puissance lui permettant de rivaliser avec l’Etat américain. Ce qui avait conduit à son démantèlement en 1911 par une loi antitrust divisant l’entreprise en 34 sociétés. Plus anciennement, la compagnie anglaise des indes avait acquis un poids encore plus important. Faisant dire à certains historiens que c’était l’entreprise et non pas l’Angleterre qui avait conquis et colonisé les Indes.
Le rapport préconise ainsi de limiter le poids des GAFA. A titre d’exemple, Apple se verrait imposer une baisse de 30% de sa commission sur les produits numériques tandis que Google pourrait être dans l’obligation de se séparer de certaines filiales comme Youtube. Cependant, le rapport n’a aucune valeur contraignante et rien n’indique qu’il sera suivi d’effet. Si le poids des GAFA est régulièrement critiqué, certains estiment qu’il est essentiel pour rivaliser avec les géants chinois du numérique (Tencent, Xiaomi, Baidu, Alibaba). En particulier sur des sujets de souveraineté technologique comme l’intelligence artificielle ou la data. Les entreprises étant à ce jour le premier facteur de puissance d’un pays, en particulier autour des questions économiques et technologiques.