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Nigéria : la population inquiète après la fin des subventions de carburant

Confronté à des finances en bernes, l’Etat nigérian a mis un terme au système de subvention de carburants qui permettait aux citoyens d’en acquérir à bas prix. Un changement de politique dont les répercussions se font déjà sentir…

La décision fut difficile mais nécessaire. Tel était peu ou prou le message du Président Muhammadu Buhari sur la libéralisation du secteur des hydrocarbures et l’augmentation du prix de l’électricité. Depuis le début d’année, le Nigéria a progressivement mis fin à la régulation étatique dans le secteur de l’énergie. En maintenant les prix artificiellement bas, cette régulation avait le mérite d’offrir à une population précaire un accès facilité à l’énergie.

Mais le contexte international a changé la donne. La crise du coronavirus a durement frappé un pays grandement dépendant de ses exportations pétrolières. En effet, le cours du brut a fortement chuté, contraignant l’Etat à une réduction drastique de ses dépenses. « Il n’y a aucune disposition pour les subventions des carburants dans le budget révisé de 2020, simplement parce que nous ne pouvons pas nous le permettre, si des dispositions raisonnables doivent être prises pour la santé, l’éducation et d’autres services sociaux. Nous n’avons tout simplement plus le choix“.

Un choix lourd de conséquence. Les tarifs d’électricité et de carburant ont en effet grimpé en flèche ces derniers mois. Le coût de l’essence a par exemple connu une augmentation de 15% en seulement quelques jours. Avec des répercussions évidentes pour une population nigériane en proie à la précarité (environ la moitié d’entre elle vit sous le seuil de pauvreté). La fin de la régulation risque effectivement d’avoir des répercussions négatives sur l’ensemble des secteurs de l’économie du pays. Plusieurs habitants ont d’ailleurs fait part de leurs colères et de leurs inquiétudes à ce sujet.

Mais la décision du président Buhari n’a pas que des répercussions négatives. Outre les motivations liées aux finances publiques précédemment évoquées, la libéralisation du secteur de l’énergie était attendue de longue date par certains professionnels. A commencer par des bailleurs de fond internationaux estimant qu’un tel système était propice à la corruption et déservissait les intérêts étatiques sur le long-terme. Les distributeurs avaient également à plusieurs reprises demandé au président de mettre fin au système afin de laisser le jeu de l’offre et de la demande fixer les prix.

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