L’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a été condamné à la prison à vie par contumace pour son rôle dans le meurtre, en 1987, du héros révolutionnaire populaire Thomas Sankara, a décidé mercredi un tribunal militaire, baissant ainsi le rideau sur une affaire qui a tourmenté ce pays d’Afrique de l’Ouest pendant plus de trois décennies.
Hyacinthe Cafando (en fuite) et Gilbert Diendere (en prison), sont également condamnés à la prison à vie pour atteinte à la sûreté de l’État et meurtre ou complicité de meurtre.
Sankara, figure emblématique parfois surnommée “le Che Guevara africain”, n’avait que 33 ans lorsqu’il a pris le pouvoir en 1983, déclenchant une révolution qui promettait de “décoloniser les esprits africains” et qui continue d’inspirer ses partisans sur tout le continent.
Cette expérience éphémère a connu une fin brutale le 15 octobre 1987, lorsque Sankara et 12 de ses collègues ont été tués par un groupe d’intervention lors d’une réunion au palais présidentiel de Ouagadougou. Le massacre a coïncidé avec un coup d’État qui a porté au pouvoir l’ancien camarade de Sankara, Campaoré.
Mercredi, un tribunal militaire spécial a déclaré Compaoré coupable de complicité dans le meurtre de Sankara et l’a condamné, ainsi que son ancien chef de la sécurité, Hyacinthe Kafando, à la prison à vie. Les deux hommes ont été jugés par contumace.
Le général Gilbert Diendéré, l’un des chefs de l’armée pendant le coup d’État de 1987 et principal accusé dans le procès, a également été condamné à la prison à vie. Huit autres prévenus ont été condamnés à des peines allant de trois à vingt ans de prison, tandis que trois prévenus ont été acquittés.
Des applaudissements ont retenti dans la salle d’audience à la lecture du verdict tant attendu, mettant fin à une bataille juridique de six mois qui a fait couler beaucoup d’encre dans l’ancienne colonie française de Haute-Volta, que Sankara a rebaptisée Burkina Faso, ce qui signifie “terre d’honnêteté” ou “terre de justice”.
Les procureurs avaient requis une peine de 30 ans de prison pour Compaoré, qui a été chassé par un soulèvement populaire en 2014 et vit depuis en exil en Côte d’Ivoire voisine. L’ancien président, qui a dénoncé un “procès politique”, a été reconnu coupable d’atteinte à la sécurité de l’État et de complicité de meurtre.
Pendant ses 27 années au pouvoir, Compaoré est resté silencieux sur les circonstances de la mort de son prédécesseur, alimentant les spéculations selon lesquelles il aurait ordonné le meurtre. Ce n’est qu’après son éviction que les restes de Sankara ont finalement été exhumés, ouvrant la voie au procès tant attendu.