Dans un entretien publié par Le Grand Continent, le Président a réaffirmé son attachement à la liberté d’expression française. Il critique également la timidité du soutien international après les récents attentats et déclare ne pas vouloir changer le droit national sous prétexte qu’il choque ailleurs.
Le défi est de taille. Selon Emmanuel Macron, la liberté d’expression recule depuis plusieurs années. Une analyse appuyée par un constat. Lors des attentats contre Charlie Hebdo en 2015, le monde entier avait affiché son soutien. Alors qu’aujourd’hui, les condamnations contre les récents attentats ont été bien timorées. Le Chef de l’État condamne ainsi les réactions de certains pays musulmans. Plusieurs d’entre-eux, et tout particulièrement la Turquie, ont appelé au boycott des produits français. Tout en multipliant les manifestations hostiles envers la France et ses valeurs.
Mais la réaction occidentale ne fut également pas à la hauteur. On se souvient notamment des critiques à l’égard du Premier ministre canadien Justin Trudeau. Il avait réagi très tardivement à l’assassinat de Samuel Paty, publiant un communiqué… onze jours après l’attentat. Selon Emmanuel Macron, les timides réactions de certains chefs d’États s’expliquent par la peur de représailles. “On a eu de manière structurée, des dirigeants politiques et religieux d’une partie du monde musulman ayant intimidé l’autre. Certains dirigeants affirmaient que nous n’avions qu’à changer notre droit. Cela me choque. Nous n’avons pas à changer notre droit sous prétexte qu’il choque certains États“.
Le Président affirme ensuite que la liberté d’expression se situe au cœur des valeurs européennes. “C’est précisément parce que la haine est interdite dans nos valeurs européennes et que la dignité de la personne humaine prévaut sur le reste, que je peux vous choquer. Tout simplement car vous pouvez me choquer en retour. Nous pouvons en débattre et nous disputer parce que nous n’en viendrons jamais aux mains puisque cela est interdit et que la dignité humaine est supérieure à tout».
Mais les menaces pèsent sur cet élément. “Nous sommes en train d’accepter que des dirigeants et des chefs religieux placent un système d’équivalence entre ce qui choque et une représentation face la mort d’un homme et l’acte terroriste. Ils l’ont fait. Nous ne devons pas être intimidés et condamner cela”. Le combat de notre génération sera ainsi un combat pour nos libertés selon ses mots. Il met enfin en garde les citoyens face aux tentatives de manipulation de l’histoire. “Nous ne devons pas nous laisser enfermer dans le camp de ceux qui ne respecteraient pas les différences. C’est un faux procès et une manipulation de l’Histoire. Le combat de notre génération en Europe, sera un combat pour nos libertés. Parce qu’elles sont en train de basculer“.