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Brexit : la tension bat son plein entre Londres et l’UE

La dernière sortie de Boris Johnson, menaçant de rompre définitivement les négociations avec l’UE en cas d’absence d’accord avant le 15 octobre, est une nouvelle illustration du profond désaccord entre les deux puissances.

Nous devons trouver un accord avec nos amis européens d’ici le Conseil Européen du 15 octobre si nous souhaitons qu’il soit effectif avant la fin d’année. Si nous ne pouvons pas nous mettre d’accord d’ici là, je ne vois pas comment nous pourrions conclure un accord de libre-échange. Dans ce cas, nous devrions tous accepter la situation et avancer“.

Les propos sont aussi clairs que menaçants. Alors que les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne continuent de battre de l’aile, en particulier autour des questions relatives à la pêche, aux aides étatiques et au cas de l’Irlande du Nord, Boris Johnson a décidé de hausser le ton. Le premier ministre l’assure. Une absence d’accord de libre-échange avec l’Union Européenne ne serait pas un mauvais scénario pour un Royaume-Uni paré à cette éventualité.

Mon gouvernement se prépare, dans nos frontières et à nos portes, à être prêt pour cela. Nous aurons le contrôle absolu de nos lois, de nos règles et de nos zones de pêches. Grâce à notre liberté de conclure des accords de libre-échange avec tous les pays du monde, nous prospérerons“. Boris Johnson ne compte cependant pas entériner les négociations et laisse la porte ouverte pour un accord d’ici le 15 octobre. “Un accord peut toujours être trouvé. Nous travaillerons dur en septembre pour cela“.

Car l’optimisme de Boris Johnson sur l’avenir du Royaume-Uni en cas d’absence d’accord avec l’Union Européenne n’est pas toujours partagé. Rod McKenzie, responsable d’une grande association de transporteurs routiers avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences d’un Brexit sans accord. Une perspective assimilée à “une situation d’urgence nationale“, où il a notamment alerté la population sur les risques de graves perturbations au niveau des chaînes de distribution. L’inquiétude des milieux d’affaires est également grande.

Une situation d’autant plus explosive que le Financial Times a révélé que le gouvernement britannique devrait présenter au Parlement un projet de loiéliminant sciemment le poids légal de certaines parties de l’accord de retrait“. Une révélation ayant immédiatement entraîné une levée de bouclier du côté de l’Union Européenne. “Tout ce qui a été signé dans le passé doit être respecté, c’est le gage de confiance pour l’avenir” a réagi le négociateur en chef européen du Brexit, Michel Barnier.

Ce dernier a d’ailleurs égratigné ses homologues britanniques au niveau des négociations. “Elles sont difficiles. Les Britanniques voudraient le meilleur des deux mondes, exporter leurs produits dans le marché européen un peu à leurs conditions et nous voulons que ces conditions soient équitables“. Michel Barnier a également rappelé “Qu’il n’y aura pas de compromis, pas d’accord avec le Royaume-Uni au détriment de l’Union européenne et au détriment du marché unique“.

La présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, a également réagi aux propos de Boris Johnson et du Financial Times. Elle a notamment rappelé aux britanniques que l’accord de retrait devait être respecté en vertu du droit international.

En cas d’absence d’accord de libre-échange, les règles de l’OMC s’appliqueront entre les deux puissances. Celles-ci comprennent notamment des droits de douane élevés et des contrôles douaniers renforcés. Une situation générant des nouvelles incertitudes sur le plan économique à l’heure où l’économie mondiale s’essouffle du fait de la crise sanitaire. Même si Boris Johnson assure que les britanniques “seront toujours prêts à trouver des arrangements adéquats pour les questions pratiques tels que les vols, les transports routiers ou la coopération scientifiquee […] Notre porte ne sera jamais fermée et nous commercerons avec elle comme avec des amis et des partenaires“.

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  • […] Comme nous l’avions illustré, la scission se révèle profonde entre les deux puissances. Boris Johnson avait déjà haussé le ton en septembre dernier. Alors que les négociations battaient déjà de l’aile, il avait affirmé que le Royaume-Uni se préparait activement à une absence d’accord. Avant de préciser que cette option ne constituait pas un mauvais scénario et qu’il ne lâcherait rien sur les intérêts nationaux. “Mon gouvernement se prépare, dans nos frontières et à nos portes, à être prêt pour cela. Nous aurons le contrôle absolu de nos lois, de nos règles et de nos zones de pêches. Grâce à notre liberté de conclure des accords de libre-échange avec tous les pays du monde, nous prospérerons“ […]

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