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Deux gardes à vue après le décès d’une fillette de 6 ans renversée par un individus à Aubervilliers

La fillette traversait sur un passage piéton lorsqu’elle a été percutée. Transportée à l’hôpital dans un état très grave, elle est décédée lundi soir. Deux personnes ont été placées en garde à vue ce mardi.

« Quand je suis arrivé à vélo, l’accident venait de se produire, il y avait une petite fille par terre au milieu du carrefour, dans une flaque de sang. Je pense qu’elle a été projetée sous le choc… Il y avait des gens qui hurlaient autour dont une femme. » Mathieu qui circulait lundi soir sur la piste cyclable temporaire de l’ex-N2, à hauteur du fort d’Aubervilliers raconte avec émotion la fin de l’accident dont il a été en partie témoin.

Un peu avant 19 heures, une enfant de 6 ans a été mortellement fauchée par un chauffard qui a pris la fuite, alors qu’elle traversait au passage piéton les quatre voies de l’avenue Jean-Jaurès. Un axe de transit très emprunté, qui était autrefois une Nationale reliant Paris au Bourget. Ce mardi, deux personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre d’une enquête confiée au commissariat d’Aubervilliers.

Selon les témoins, le suspect était au volant d’une Renault Clio 2 bleue, à bord de laquelle il y avait plusieurs passagers. « C’est le même véhicule que j’ai croisé juste avant, ils étaient quatre ou cinq à l’intérieur. Celui qui conduisait était très agressif », rapporte le cycliste.

« Avant l’accident, la voiture était derrière moi, dans la piste cyclable, poursuit Mathieu. Le chauffeur appuyait fortement sur l’accélérateur et klaxonnait pour que je me pousse. Il a fini par passer entre moi et le plot de la piste, en me frôlant. Il est ressorti ensuite, en touchant presque un bus de la RATP. On a l’impression qu’il conduisait comme dans un rallye. »

Identifié grâce à la vidéo-surveillance

« Il roulait certainement trop vite. Le choc a fait un grand boum qu’on a entendu à l’intérieur du magasin alors que la porte était fermée, témoignent deux commerçants de l’avenue, très choqués par le drame. Lorsqu’on est sorti, la petite fille gisait par terre, il y avait sa maman et sa grande sœur en pleurs à côté. Les secours ont mis du temps à arriver. On n’en a pas dormi de la nuit. »

D’après les premiers éléments de l’enquête, la fillette avançait sur le passage protégé, sa mère juste derrière. L’accident a été d’une rare violence. Dans la collision, l’enfant a été, semble-t-il, projetée à plus de dix mètres. Souffrant de multiples fractures au crâne et touchée à un poumon, elle était en arrêt cardio-respiratoire à l’arrivée des secours. Transportée sous escorte policière vers l’hôpital Necker, à Paris, la victime est décédée dans la soirée, un peu avant 22 heures.

Déjà d’autres accidents graves

Les images de la vidéo-surveillance du quartier ont permis d’identifier une Clio 2 prenant la fuite vers l’avenue de la Division-Leclerc à Pantin. La voiture a été retrouvée vers 20 heures, abandonnée dans une rue de cette commune, à quelques centaines de mètres de l’accident. Les deux roues arrière étaient crevées et le rétroviseur, cassé.

« Ce n’est pas le premier accident mortel qu’il y a sur cette avenue. Les voitures roulent très vite ici. Et la situation s’est encore aggravée avec la création des pistes cyclables temporaires. Les automobilistes les empruntent à vive allure ou se garent dessus n’importe comment », témoigne une commerçante. En 2013, une personne âgée était décédée après avoir été percutée par un camion sur l’avenue. Son petit-fils blessé avait fini dans le coma. En 2018, cette fois-ci, c’était un cycliste qui avait été gravement blessé, écrasé par un poids lourd.

Malgré la création des coronapistes au printemps dernier, l’ex-RN2 garde ses stigmates d’ancienne nationale : grande ligne droite favorisant la vitesse, passages piétons quasiment inexistants. Ce mardi matin, au carrefour où a eu lieu l’accident, plusieurs automobilistes ne respectent pas les limitations de vitesse ou grillent les feux. « Il y a d’ailleurs souvent des accidents entre véhicules », témoigne une maman, qui dit faire toujours « très attention » quand elle traverse avec ses enfants, même lorsque le feu est vert pour les piétons.

L’artère, située au cœur d’une zone très dense, doit faire l’objet de réaménagements dans les années à venir. Le conseil départemental de Seine-Saint-Denis, qui en assure la gestion, souhaite la transformer en boulevard urbain, laissant plus de place aux piétons, espaces verts et mobilités douces, d’ici l’organisation des Jeux olympiques de 2024.

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