Proposé par Macron, le délai d’extension du port obligatoire du masque dans les lieux publics fermés a été critiqué par des scientifiques et des politiques. Ils s’interrogent sur les raisons d’attendre 15 jours alors que certains signes indiquent une reprise de l’épidémie. Olivier Véran l’explique par la «logistique».
Annoncé par Emmanuel Macron le 14 juillet, la date de la mise en place du port obligatoire du masque dans les espaces publics clos a suscité une polémique parmi certains scientifiques et politiques.
Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, s’est interrogé à propos du délai de 15 jours précédant l’application de la mesure, évoquant une expérience belge en la matière.
La députée européenne du groupe Socialistes et Démocrates Aurore Lalucq a partagé ce point de vue et a dénoncé des «propos très brouillons» du chef de l’État à ce sujet.
En rappelant que le confinement avait été annoncé un jour avant sa mise en place, le généticien Axel Kahn a déclaré à Franceinfo ne pas comprendre cette décision:
«Je ne vois pas vraiment pourquoi on attend 15 jours. Je pense qu’on aurait pu aller plus rapidement en indiquant que dans les endroits clos, le port du masque est, dès lundi de la semaine prochaine, obligatoire», a-t-il lancé.
Jean-Christophe Lagarde, président de l’Union des démocrates et indépendants, a exprimé lui aussi son incompréhension du délai imposé alors que les signes d’une deuxième vague se manifestent.
La même question a été soulevée par le docteur Philippe Juvin, chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou, sur son compte Twitter, qui a remercié le Président de la République d’avoir soutenu la proposition relayée dans une tribune signée par des médecins dont lui-même.
Il s’agit d’une mesure nécessaire sur fond de hausse du nombre de contaminations, et d’un «moindre mal» pour éviter le reconfinement: «Si on laisse faire, qu’on ne réagit pas, on peut se retrouver dans quelques semaines, dans quelques mois dans une situation à devoir éventuellement reconfiner. Ce serait catastrophique», a-t-il affirmé à l’AFP.
Interrogé à ce sujet, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a expliqué ce délai par «le travail de logistique»:
«D’où viennent les masques? Comment s’assurer que les Français en disposent? Nous devons pouvoir répondre à ces questions et donc cela nécessite d’avoir quelques jours», a-t-il déclaré lors d’un déplacement à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil dans le Val-de-Marne.
Il a également exprimé l’espoir que ses compatriotes suivront cette recommandation en attendant la mise en place officielle de la mesure sanitaire.
Prescrit uniquement pour les transports publics depuis le 11 mai, date du déconfinement, le port du masque sera rendu obligatoire dans tous les lieux clos dès le 1er août pour freiner une nouvelle vague épidémique.