Fortement critiqué pour son espionnage technologique supposé, la Chine a émis le souhait d’une norme internationale en matière de sécurisation des données. Une manière de contrer l’offensive informationnelle américaine ?
Les offensives américaines contre les fleurons technologiques chinois ont fait grand bruit. Huawei, Tik-Tok, ZTE… De nombreuses sociétés chinoises ont fait l’objet d’accusations d’espionnage de la part des Etats-Unis. Une situation d’autant plus explosive que le secrétaire d’Etat Mike Pompeo avait également publié en août dernier une série de mesures destinée à protéger l’écosystème technologique américain de celui des chinois en opérant une stricte dichotomie entre les deux.
Des éléments illustrant un durcissement de la guerre commerciale et diplomatique opposant les deux grandes puissances mondiales. Deux grandes puissances ayant fait de la technologie le principal champ de bataille pour la domination mondiale, tant la haute-technologie, et en particulier les données, aura des répercussions prépondérante en matière de développement technologique, économique, culturel et diplomatique. Un constat partagé par l’Union Européenne puisque la souveraineté numérique fait partie des principales ambitions de la Commission Von Der Leyen.
Loin d’être passive, la Chine a réagi en début de semaine en présentant par l’intermédiaire de son ministre des affaires étrangères Wang Yi, son projet de norme mondiale en matière de protection des données. Un projet répondant à une volonté de “promouvoir le multilatéralisme et d’éviter que des pays rejettent les entreprises des autres”, ciblant ainsi de manière explicite le grand rival américain.
Wang Yi a également appelé à l’édiction de ” règles mondiales sur la sécurité des données qui reflètent les vœux de tous les pays et respectent les intérêts de toutes les parties doivent être définies sur la base d’une participation universelle […] “Les États ont la responsabilité et le droit d’assurer la sécurité des données et des informations personnelles importantes ayant une incidence sur leur sécurité nationale, leur sécurité publique, leur sécurité économique et leur stabilité sociale“ sans donner plus de précisions sur l’élaboration d’un tel projet. Il a en revanche rappelé la volonté chinoise de faire régner paix, coopération et sécurité dans le cyberespace.
Derrière ce projet se cache certainement l’ambition de faire de la Chine un pays moteur en matière d’édification de normes et de standards juridiques internationaux. En particulier en matière de technologie où elle souffre de sa mauvaise réputation en matière d’espionnage, de patriotisme économique déguisé et de porosité entre les acteurs privés et le pouvoir politique.