Dans un contexte de prise de conscience mondiale accrue des questions raciales, le livre Flic a été publié par une société de niche dans le plus grand secret, avec des librairies en France le commandant sans en connaître les détails.
Un journaliste français qui s’est infiltré dans les rangs de la police du pays affirme avoir été témoin d’une «culture du racisme et de la violence» rampante, a rapporté The Guardian.
Valentin Gendrot, qui met à nu les incidents «choquants» qu’il dit avoir observés sous couverture dans son nouveau livre, Flic (Cop) publié mercredi et vu par le média, affirme que les cas de violence étaient si courants qu’ils étaient presque banals.«Seule une minorité d’officiers étaient violents… mais ils étaient toujours violents.»
Dans son livre, Gendrot décrit un incident où il prétend avoir été forcé d’aider à falsifier des preuves contre un adolescent qui avait été battu par un policier dans un incident qui n’a jamais été écrit.«Ils ne voient pas un jeune, mais un délinquant… une fois cette déshumanisation établie, tout devient justifiable, comme battre un adolescent ou un migrant», écrit-il.
Valentin Gendrot affirme avoir entendu tous les jours au commissariat des commentaires «racistes, homophobes et machistes» de la part de plusieurs collègues, apparemment rejetés par d’autres.«Cela m’a vraiment choqué d’entendre des policiers, qui sont des représentants de l’Etat, qualifier des noirs, des arabes ou des migrants de« bâtards », mais tout le monde l’a fait», raconte le reporter français.
Selon Gendrot, les recrues de la police sont obligées de faire face au stress quotidien, à la surcharge de travail et à l’hostilité, alors qu’elles sont assises dans des bureaux décrépis, conduisant des véhicules battus et payant l’équipement essentiel de leurs propres poches.
Valentin Gendrot, 32 ans, a travaillé pour une série de journaux locaux et de stations de radio après avoir été diplômé de l’école de journalisme. Il a acquis de l’expérience au cours de plusieurs enquêtes d’infiltration avant de s’infiltrer dans les rangs de la police en tant que «gendarme spécial» sous contrat et salarié en 2018 en utilisant son vrai nom.
Dans son livre Flic, publié dans le plus grand secret par la société de niche Editions Goutte d’Or et imprimé en Slovénie, le journaliste décrit ses presque six mois passés dans un commissariat de police de l’un des arrondissements les plus graveleux du nord de Paris.
Après avoir suivi une brève période de formation à l’école de police de St-Malo, en Bretagne, qui a duré trois mois, Gendrot dit avoir été affecté dans une unité psychiatrique de la police pendant 15 mois. Après cela, il a été envoyé à la gare du 19e arrondissement de Paris, a délivré un uniforme et une arme à feu et envoyé en patrouille.
Le journaliste offre un aperçu des coulisses de ce qu’il appelle un système «clanique», où les agents agissent en toute impunité et resserrent les rangs pour protéger les leurs.«Ce qui m’étonne… c’est à quel point ils se sentent intouchables, comme s’il n’y avait pas de supérieur, pas de surveillance par la hiérarchie, comme si un policier pouvait choisir – selon son libre arbitre ou ce qu’il ressent à ce moment-là – d’être violent ou pas », écrit le journaliste
S’exprimant dans une interview avec The Guardian , Valentin Gendrot, dont le livre a été commandé par des librairies en France sans en connaître le contenu, déclare: «Je voulais aller sous couverture dans un commissariat de police pour pouvoir montrer ce que nous ne voyons jamais. En France, il y a deux grands tabous: la violence et les abus policiers et les suicides policiers. En France, les gens aiment la police ou la détestent. Je pensais que cela devait être plus nuancé.
Le livre sort alors que la police a repoussé les critiques sur plusieurs fronts pour l’utilisation prétendument aveugle de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc lors des manifestations de gilets jaunes , et au milieu d’une vague mondiale de manifestations contre le racisme et la brutalité policière déclenchée par la mort de l’homme noir George Floyd à entre les mains des forces de l’ordre américaines.«Ce livre n’est pas anti-police. C’est un récit factuel de la vie quotidienne d’un policier dans un quartier difficile de Paris… Je ne peux pas parler des autres commissariats ou de la police en général », dit Gendrot.