Après plus de trois ans à échapper aux procureurs français, la police chilienne a entamé mercredi l’extradition vers la France de Nicolas Zepeda, accusé du meurtre de son ex-petite amie japonaise dans la ville française de Besançon en 2016.
La police a escorté le jeune homme de 29 ans de la station balnéaire de Vina del Mar, à 120 kilomètres (75 miles) à l’ouest de Santiago, où il avait été assigné à résidence, à 20h41 (0041 GMT jeudi) pour commencer le voyage vers l’aéroport en avance sur l’horaire.
Il devrait être remis aux autorités françaises à l’aéroport international de Santiago et embarquera jeudi à 14 h 55 (18 h 55 GMT) sur un vol d’ Air France à destination de Paris.
Narumi Kurosaki, alors âgée de 21 ans, a disparu de son université de Besançon, près des Alpes françaises en décembre 2016 après avoir mangé avec Zepeda.
Il était rentré au Chili au moment où sa disparition a été signalée quelques jours plus tard.
Les enquêteurs français pensent qu’il a tué Kurosaki dans une rage jalouse – mais son corps n’a jamais été retrouvé, malgré des recherches approfondies.
Zepeda a été assignée à résidence sous surveillance policière à Vina del Mar.
Son extradition mettra fin à une procédure judiciaire au Chili qui a commencé en mars lorsque les autorités ont finalement accepté une demande des procureurs français de le remettre.
Le processus a été retardé et compliqué par la pandémie du nouveau coronavirus et la fermeture des frontières.
Ce sera la troisième extradition d’un Chilien vers la France, et intervient même si les autorités françaises refusent de renvoyer l’ancien guérillero chilien Ricardo Palma Salamanca dans son pays natal pour y être jugé pour le meurtre en 1991 du sénateur de droite Jaime Guzman, proche de plusieurs membres du cabinet du président Sebastian Pinera.
“L’affaire Zepeda est de nature criminelle et la violence de genre n’est pas un procès politique et ne compromet pas les relations politiques entre le Chili et la France”, a déclaré à l’AFP l’analyste René Jara, de l’université de Santiago.
«Les priorités ont changé et ce qui est privilégié maintenant, c’est de maintenir des relations avec des partenaires stratégiques», a ajouté Jara.
‘Nous ne pardonnerons jamais’
L’avion devrait atterrir vendredi à l’aéroport Charles de Gaulle à Paris à 10 h 55 (12 h 55 GMT).
Zepeda, le seul suspect dans l’affaire, sera ensuite transféré à Besançon pour y être jugé.
“Trois ans se sont écoulés depuis que ma fille bien-aimée a disparu … Je prie pour que Nicolas soit jugé en France, je donnerais ma vie pour cela”, a déclaré la mère de Kurosaki, Taeko, dans une lettre émouvante présentée au tribunal chilien.
“Nous ne pardonnerons jamais à Nicolas, qui a pris la vie de Narumi et elle à toute la famille.”
Selon les enquêteurs, Zepeda s’est rendu à Besançon début décembre 2016 pour voir son ancienne petite amie.
Le soir du 4 décembre, le couple est entré ensemble dans sa résidence.
Les procureurs français affirment que plusieurs étudiants ont entendu “des hurlements de terreur, des cris” cette nuit-là, mais personne n’a appelé la police.
Zepeda, le fils d’une riche famille chilienne, a rencontré Kurosaki au Japon en 2014.
Au moment de sa disparition, le couple avait rompu et elle était dans une nouvelle relation, ce qui, selon les procureurs, mettait en colère Zepeda, qui a menacé Kurosaki dans une vidéo en ligne qu’il a ensuite supprimée.
Les enquêteurs ont déclaré que dans les jours précédant sa disparition, Zepeda s’est envolée pour la France, a loué une voiture et s’est rendue à Besançon pour la rencontrer.
Sur le chemin, ils ont dit qu’il s’était arrêté pour acheter des allumettes, du liquide inflammable et de l’eau de Javel dans un supermarché.
Zepeda a été interrogé en avril de l’année dernière par un juge chilien en présence d’enquêteurs français. Il nie toute part dans la disparition de Kurosaki.
Bien que l’affaire n’ait suscité que peu d’intérêt au Chili, elle a été suivie de près en France et au Japon.
Zepeda doit être représenté en France par Jacqueline Laffont , qui a déjà défendu l’ancien président français Nicolas Sarkozy dans une affaire de corruption.