La mort de la juge Ruth Bader Ginsburg n’est pas sans conséquence sur le rapport de force opposant démocrates et républicains au sein de l’institution judiciaire. Donald Trump souhaite nommer un nouveau juge avant l’élection présidentielle contre l’avis des démocrates.
La Cour suprême représente le sommet du pouvoir judiciaire aux Etats-Unis. Elle joue notamment un rôle fondamental en matière de contrôle de constitutionnalité, de litiges opposant les Etats fédérés avec l’Etat fédéral ou encore sur les grands débats de société. Son influence est ainsi considérable et dépasse le simple cadre juridique. La Cour suprême est effectivement régulièrement amenée à trancher des litiges sur des sujets clivants comme le port d’armes, les droits des minorités, l’équilibre entre égalité et liberté… Des sujets souvent très politiques qui illustrent le clivage entre démocrates et républicains.
Ainsi, la nomination des juges au sein de la Cour suprême revêt une importance éminemment politique. De par leur prestige et leurs pouvoirs, ceux-ci peuvent jouer un rôle certain dans l’évolution sociétale du pays. Nommés à vie par le président, l’institution compte actuellement 5 juges de tendance conservatrice et trois libéraux. Alors que la balance penche clairement du côté des premiers, la tendance devrait s’accentuer du fait de la volonté de Donald Trump de nommer un conservateur à la place de Ruth Bader Ginsburg. Un équilibre faisant douter les démocrates de leur possibilité à faire valoir leurs opinions et obtenir des compromis sur des sujets sensibles.
Ils ont ainsi demandé à Donald Trump d’attendre l’élection présidentielle du 3 novembre pour nommer le nouveau juge de la Cour. Une proposition refusée par l’actuel président qui affirme être dans l’obligation de nommer un juge. Ce dernier sera nommé cette semaine et sera de tendance conservatrice. Deux noms émergent. Ceux d’Amy Coney Barrett et Barbara Lagoa. Deux juristes réputées aux opinions similaires à celles de l’actuel président des Etats-Unis. Un choix stratégique pour ce dernier car un renforcement des opinions conservatrices à la Cour pourrait directement peser sur la prochaine élection présidentielle.
En effet, une autre faculté de la Cour suprême réside dans sa capacité à trancher les litiges électoraux. Or, du fait du contexte sanitaire, de nombreux américains ont commencé à voter par correspondance. Un mode de scrutin qui serait selon Donald Trump plus propice aux fraudes. Ce qui pourrait justifier l’intervention de la Cour en cas de litige. Lors de l’élection présidentielle de 2000, la Cour suprême avait par exemple débouté la demande du candidat Al Gore de procéder à un recomptage des voix. Reste à savoir si la couleur politique des membres de la Cour pourrait directement influencer leur choix de valider ou non un éventuel recours formé par un candidat lors de la prochaine élection…