Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a appelé, mercredi 27 mai, l’Europe à ne pas se laisser enfermer dans une nouvelle « guerre froide » entre les États-Unis et la Chine.
« Il ne faut pas revenir à une guerre froide ». C’est ce qu’a annoncé, ce mercredi Jean-Yves Le Drian en référence à la relation tendu entre Washington et Pékin, qui font écho à l’affrontement américano-soviétique de la deuxième partie du XXe siècle. Le ministre des Affaires étrangères s’est exprimé devant la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat. « Je ne crois pas qu’il faille se laisser enfermer dans une logique d’affrontement bipolaire mondiale ».
Les États-Unis et la Chine sont à couteaux tirés depuis deux ans avec la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump, qui sanctionne le commerce international. Mais l’élément déclencheur est la pandémie de coronavirus. Au point que le président américain a menacé de couper « toute relation » avec Pékin. La Chine a elle-même émit ce dimanche le spectre d’une « nouvelle guerre froide » après les critiques américaines sur sa gestion de la crise sanitaire actuel.
« Que l’Europe s’affirme autonome »
« Le meilleur moyen de ne pas se laisser entraîner dans cet affrontement-là, de ne pas recommencer une deuxième guerre froide, c’est de faire en sorte que l’Europe s’affirme autonome », a affirmé le chef de la diplomatie français lors d’une allocution face aux Sénateurs. « Il faut qu’elle dise non à la radicalisation des positionnements, qu’elle fasse valoir ses propres intérêts et refuse de se faire instrumentaliser dans un conflit américano-chinois d’une part, d’être divisée par les autorités chinoises d’autre part », a-t-il poursuivi.
Le prochain sommet entre les différents dirigeants européens et le président chinois XI Jinping attaquera de front tous ses sujets. Prévu initialement le 14 septembre à Leipzig en Allemagne, il va « être repoussé un peu plus tard », a toutefois indiqué Jean-Yves Le Drian sans donner plus d’explication.
Avec la Chine, l’UE a des points d’accord sur le multilatéralisme, notamment la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi de désaccord, a-t-il dit en appelant à faire montre d’une plus « grande fermeté sur nos propres intérêts stratégiques européens » et à « sortir un peu de la naïveté à cet égard ».